Elus et proches rendent hommage à Dominique Niederkorn

L’inauguration de la deuxième ligne de tramway ravive le souvenir heureux de l’arrivée de sa sœur aînée il y a sept ans. Cette journée de samedi fut le nouveau chapitre d’une histoire dont la genèse,  bien antérieure à 2007, est liée à la volonté de Dominqiue Niederkorn.

Alors que le passage des nouveaux rubans orangés nous projette vers l’avenir de la cité mancelle, les élus écologistes du Mans et de l’agglomération gardent à l’esprit ce que cette histoire doit à l’action et la volonté d’une femme. Ce rassemblement, samedi matin, autour de la rame « Dominique Niederkorn »  choisie pour inaugurer le tracé, constitue l’occasion de rendre hommage à l’élue écologiste disparue en 2009 et de rappeler la femme d’engagement qu’elle était.

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Crédit photo : M. Ollivier

En 2007, alors que les Manceaux célébraient l’arrivée de leur tramway, Dominique Niederkorn, Vice-présidente de Le Mans Métropole aux Transports, imaginait déjà à quoi pourrait ressembler la deuxième ligne. Visionnaire, le qualificatif est à la hauteur d’une élue qui avait le dessein, par le bais de la mise en œuvre du tramway, de transformer en profondeur la ville du Mans en faisant de son ce projet un enjeu d’urbanisme à grande échelle. Première élue écologiste au Mans dès 1995, elle fut très tôt précurseuse en initiant pour la première fois ce projet de tram, malgré les critiques de l’époque. Dès l’origine, elle défendit l’opportunité de créer des voies cyclables le long du cheminement du tram. Véritable moteur de la démarche, elle su convaincre et mobiliser l’ensemble du conseil  et réussit à défendre le projet jusqu’à son terme malgré les difficultés que pouvait représenter un tel chantier. Dominique Niederkorn fut aussi à l’initiative du Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) qui, bientôt, desservira Allonnes. Elle avait encore en projets de décliner ces bus le long des avenues Geneslay, Bollée ou Rhin et Danube, soit autant de réflexions à ouvrir à l’avenir.

 

 

Jean-Louis Prigent, ancien Vice-président de Le Mans Métropole qui succéda à Dominique dans ses fonctions, tient à rappeler le rôle décisif tenu par Dominique Niederkorn tout au long du processus de décision :

« Dominique a commencé dès 1995 à mettre la pression en évoquant régulièrement le projet de tramway. Durant des années, elle a entrepris un lobbying d’enfer auprès des autres élus pour obtenir gain de cause. En 2002, les subventions du gouvernement Jospin nous ont été retirées à l’arrivée de Raffarin. Alors que beaucoup sentaient le projet battre de l’aile Dominique a poussé de plus belle. Il a fallu aussi expliquer le processus aux habitants et, pour cela, elle s’est démenée avec le Président de la SETRAM au cours de grandes séances de concertation dans les Conseils de quartier. Elle est devenue à partir de là la « Madame Tram » au Mans. A notre arrivée au Conseil municipal en 2001, le groupe écologiste a pu bénéficier d’une grande légitimité grâce à l’envergure de Dominique et à sa qualité de porte-parole ».

Rémy Batiot, Vice président de Le Mans Métropole en charge des mobilités, se rappelle lui aussi son mandat auprès de Dominique :

« En  2001, c’était la première fois que nous disposions d’un groupe d’élus au Mans. Seule Dominique avait cette expérience d’avoir déjà été conseillère municipale. On peut dire qu’elle nous a tous formés lors de ce 1er mandat. Elle nous a donné l’ambition de mener des projets et de les défendre pour notre ville. Véritable figure de proue des écologistes  sur l’agglomération, elle a fortement marqué notre collectivité et c’est avec beaucoup d’humilité que je me retrouve aujourd’hui, après Jean-Louis Prigent, à assumer la responsabilité des transports pour Le Mans Métropole. Avec de tels modèles, on ne peut que s’inspirer de l’action menée et tenter  de prolonger  l’impulsion que Dominique a su nous donner à tous. »

 

Jean-François Soulard, actuel Vice-Président de Le Mans Métropole en charge des transports publics, était déjà Président de la Setram lorsqu’il s’agissait de travailler avec l’élue écologiste  sur les prémices du projet :

« Je suis devenu Président de la Setram en 2001. Dans le même temps, Dominique a pris les fonctions de Vice-Présidente de l’agglomération aux transports. En novembre de cette année se confirmait le choix du rail à la suite d’un débat de grande ampleur dans lequel se sont confrontés les arguments les plus contradictoires. Dominique et moi avons fait toutes les réunions en amont, et nous n’étions pas nombreux parmi les élus à aller au charbon. Si en 2014 c’est rentré dans les mœurs, en 2001 nous passions pour des fous avec notre projet de tramway. Même en Comité de pilotage il fallait batailler ferme ; et Dominique y mettait tout son cœur. Elle avait dans ses gènes l’intérêt pour les transports publics et elle apprenait très vite. Elle voyait dans le tram le seul développement possible pour notre réseau de transport. Nous avons toujours bien travaillé ensemble. J’ai fait la proposition que la rame portant son nom inaugure le parcours de la T2 ; ça me paraissait tout à fait normal. »

 

Pierre Niederkorn, frère de Dominique, livre son regard sur le parcours de sa sœur :

« Dominique avait fait le choix de segmenter sa vie, et tout ce qui concernait la mairie, elle ne m’en disait rien. On ne savait pas la notoriété qu’elle pouvait avoir et il était étonnant d’apprendre qu’elle avait rencontré telle ou telle personnalité. Elle aurait pu avoir un destin régional voire national, mais elle n’en voulait pas. Dominique désirait simplement avoir les moyens de mettre en application ses idées. Elle s’est dit « j’ai quelque chose à faire dans cette ville ; c’est plus important que des postes honorifiques ». Toute l’énergie de Dominique c’était le service des autres. Elle se battait avant tout pour que les gens prennent conscience des enjeux du tramway, de la piétonisation… Sa pédagogie faisait qu’elle réussissait à convaincre. Faire avancer les choses plutôt que se mettre en avant. Ma sœur, c’était l’exemplarité. »

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Crédit photo : M. Ollivier