A l’appel du Collectif des opposants sarthois au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, un rassemblement à la mémoire de Rémi Fraisse se tenait mercredi soir devant la préfecture. Participants à l’hommage, les élus écologistes de l’agglomération mancelle ont ainsi témoigné leur compassion à la famille et aux proches de Rémi Fraisse.
Etudiant en botanique et naturaliste, scientifique bénévole au sein de l’association Nature Midi Pyrénées, Rémi avait 21 ans. Au vu des éléments portés à notre connaissance à ce jour, il semble qu’il ait été atteint mortellement dans le dos par une grenade offensive lancée par un gendarme alors qu’il était venu s’opposer pacifiquement à la construction du barrage de Sivens. Mort alors en défendant simplement la protection d’un espace naturel porteur d’une riche biodiversité, Rémi Fraisse est la victime des défaillances démocratiques de notre société et de la volonté manifeste du Conseil Général du Tarn de passer en force. Pour le groupe des élus écologistes, honorer la mémoire de Rémi, c’est poursuivre l’opposition aux désastres écologiques et budgétaires inhérents aux grands projets du barrage de Sivens, de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ou de la ligne TGV Lyon-Turin. C’est aussi et surtout réaffirmer le rôle de l’élu, qui doit agir dans le respect du dialogue, en privilégiant l’intérêt de la collectivité.
Il est grand temps d’accepter la remise en cause de projets lorsqu’ils sont manifestement inadaptés aux enjeux actuels de notre société
Être en charge de l’exécutif d’un territoire demande de faire preuve d’éthique et de responsabilité au cours des différentes étapes du projet que l’on a participé à impulser. En l’occurrence, la responsabilité du maître d’ouvrage du barrage de Sivens aurait du être de déléguer les études préliminaires à des acteurs neutres et indépendants dans le souci d’éviter qu’un prestataire ne devienne juge et parti. Ce manquement de la part du Conseil Général du Tarn explique pour une grande part la dénonciation de la procédure. Le processus participatif qui suivit releva d’une partialité semblable. Trop de démarches de soi-disant concertation, comparables à celle de Sivens, sont menées alors que les tenants et aboutissants des projets sont en grande partie déjà actés. Solliciter l’avis des citoyens pour n’en tenir compte que sur des changements marginaux, est-ce de cette manière que nous allons contrer le climat de défiance vis-à-vis des institutions que chacun constate aujourd’hui ?
Ce mépris du dialogue autour des grands projets nous interroge. Concevoir la démocratie comme un exercice ponctuel que les citoyens n’exerceraient que les jours de scrutin n’a aucun sens. Les élus ne doivent pas considérer les prérogatives qu’ils ont reçues comme un blanc-seing pour la durée du mandat. Si le vote est une étape cruciale dans la mise en œuvre d’un projet, il ne doit pas sceller définitivement la négociation et l’écoute. Les évènements de Sivens témoignent de la frustration engendrée lorsque les suggestions, propositions, avis émis par des collectifs de citoyens ne sont pas entendus. Lorsque les appels répétés aux décideurs locaux ainsi qu’au ministre sur la démesure et la disproportion du chantier demeurent inaudibles, quelle perception reste t’il du champ démocratique ? N’est-ce pas la porte ouverte à la radicalisation et toutes les dérives que ne manquent pas d’exploiter des groupuscules violents éloignés des vrais combats écologistes que nous entendons défendre ?
Les élus, engageant les finances de la collectivité, doivent être capables d’accepter le débat, la remise en cause et la contradiction, particulièrement lorsque les projets représentent un tel impact financier et environnemental sur nos territoires. Cette reconnaissance du débat démocratique doit s’effectuer à toutes les échelles de territoire. Ainsi, les Conseils de quartiers et Conseils citoyens manceaux prochainement élus constituent pour les élus écologistes l’opportunité d’innover et de donner un nouveau souffle à nos pratiques de concertation.
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