Revendiquant la volonté des élus écologistes de l’agglomération mancelle d’étudier les innovations et de s’inspirer des réussites d’autres collectivités, Jacques Gouffé et Samuel Guy se sont rendus en pays grenoblois trois jours durant. Au fil des rencontres et des visites, Samuel Guy nous livre chaque jour de cette semaine sa vision d’un territoire qui a su, plus vite que d’autres, relever le pari de la transition écologique.
Pour démarrer la semaine, le récit de ce lundi est consacré à la transition énergétique dans les secteurs de l’habitat, à Grenoble, et dans la commune de La Terrasse.
La « caserne de Bonne » est un ancien site militaire qui va accueillir 900 logements sur 8 ha, dont 38% de logements sociaux en cœur de ville. Cette réalisation prolonge le centre ville en créant, à la place d’un site « fermé », un véritable quartier mixte (centre commercial, cinéma, logement, bureau…). Primé au palmarès des éco-quartiers de France, le lieu favorise les modes de déplacements doux et s’est composé de bâtiments « BBC » avant même que la règlementation en la matière ne fut imaginée ! Poursuivant sa dynamique, Grenoble a entrepris la réalisation d’un édifice à énergie positive, et inscrit dans son Plan Local d’urbanisme l’obligation pour les opérations immobilières de proposer des logements 20 % plus efficaces que la réglementation thermique ne l’impose ! Sans oublier l’effort entrepris pour le réemploi des matériaux issus de la démolition.
Samuel Guy : « Il s’agit là d’une opération innovante, avec de grandes exigences environnementales, et à laquelle peu croyaient au démarrage ! C’est avec une forte volonté politique et un soutien des élus écologistes alors en responsabilité de que cette opération exemplaire a pu voir le jour. Terrain d’expérimentation et de formation pour les artisans, cette réalisation continue de valoriser le savoir-faire acquis des acteurs économiques locaux ».
Grâce à l’expertise de l’Agence Locale de l’Energie, Grenoble fut la première agglomération française à se doter dotée dès 2015 d’un plan Climat Air Energie. Cette démarche associa alors plus de 60 partenaires (bailleurs, communes, université, associations…). Un observatoire fut par la suite mis en place en 2010 afin de faire le point chaque année sur les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire. Dans l’objectif de faire baisser significativement les émissions de CO2 (8000 t CO2/an), l’opération Mur|Mur est au cœur du Plan Climat. Celle-ci vise la massification des rénovations, la mutation de la filière du bâtiment, ainsi que la lutte contre la précarité énergétique des ménages. En 4 ans, la Communauté d’agglomération a mobilisé 84 copropriétés (dont 14 fragilisées), soit 4467 logements. Les travaux sont terminés sur 23 copropriétés, et en cours sur 33). Le profil type de la copropriété intégrant le programme Mur|Mur est le suivant : plutôt importante (56 logements en moyenne), classe énergie « D », construite entre 1960 et 1964.
Samuel Guy : « Là encore, il s’agit d’un véritable choix politique d’accompagner les copropriétés dans ce type de travaux. L’aide financière directe accordée à des propriétaires se justifie par la volonté de débloquer des fonds pour des travaux qui, sans subventions, ne se feraient pas. Cette aide se fait au bénéfice d’un certain nombre de propriétaire qui ont été incité à une époque à « acheter » et sont aujourd’hui étranglés sous les charges (copropriété, chauffage…). Enfin, il faut garder à l’esprit que le programme bénéficie dans 45 % des cas à des locataires qui voient leurs charges baisser, donc leur pouvoir d’achat s’accroître. La subvention grenobloise a généré un marché de 60 M€ de travaux pour les entreprises locales (!) et amorcé la mutation de la filière « bâtiment ». »
Dans la commune iséroise de La Terrasse, l’opération « la petite Chartreuse » démarra en 2007 avec le bailleur PLURALIS. L’objectif fut de monter une démarche « test », reproductible, visant une haute performance énergétique. Elle deviendra la première opération de logements locatifs labellisés Effinergie de France (chauffage : 10,7 kWh/m2/an). Celle-ci permit de mettre en évidence que les consommations énergétiques finales sont souvent supérieures aux calculs théoriques, du fait notamment du recours à des matériels nouveaux, mal maîtrisés, mais aussi du fait des utilisateurs qui maîtrisent parfois mal les technologies développées pour ce type d’habitat.
Samuel Guy : « PLURALIS a développé une offre de logements sociaux « sur mesures », reposant sur des systèmes constructifs et des matériels efficaces. Il s’appuie sur une grande qualité de réalisation, une maîtrise des questions d’étanchéité à l’air, un savoir faire en terme de sensibilisation des occupants, et le développement d’un habitat modulaire évolutif (adapté à la construction de logement type T3, T4, T5 simplex ou duplex). Ce système modulaire permet de proposer des logements très performants (BBC 2012 -30 %), et surtout abordables (de l’ordre de 1350 €/m2 ) ».
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Mardi : La politique volontariste grenobloise en termes de mobilités
Jeudi : Champ d’action du SCOT au sein d’un territoire hétérogène