Code de la route : des avancées majeures pour une circulation apaisée

Publié le 4 juillet dans une relative discrétion, un décret du gouvernement fait évoluer le code de la route en redéfinissant la cohabitation entre piétons, cyclistes et automobilistes. Vice-Président du Mans Métropole en charge des mobilités et de la voirie, Rémy Batiot voit dans cette évolution une véritable opportunité de prolonger et renforcer la politique mancelle en faveur des circulations douces. Entretien.

On imagine que le décret gouvernemental en faveur d’un « partage de la voirie » constitue une nouvelle intéressante pour l’élu écologiste en charge des mobilités et de la voirie ?

Il s’agit même en effet d’une très bonne nouvelle. Avec ce décret, nous allons disposer de nouveaux outils qui vont nous permettre de travailler au rééquilibrage des différents modes de transports afin que les transports doux soient mieux respectés au cœur de la circulation. Réaffirmer que la voiture doit rester davantage à sa place et ne plus empêcher les circulations douces de détenir leur place en ville ; voici l’orientation qui se dégage de cette série de mesures.

Dans sa redéfinition des règles de stationnement notamment, le décret vise à ce que soient réellement sanctionnées des infractions qui ne le sont pas toujours… ?

Ce décret va globalement nous permettre de faire appliquer de manière plus stricte la règlementation. Le renforcement de la pénalisation des infractions constatées au niveau des passages piétons peut faire reculer l’accidentologie en évitant aux piétons d’êtres masqués lorsqu’ils s’apprêtent à traverser. Sur les trottoirs, il s’agit là d’un renforcement de notre action visant à sanctionner le stationnement d’automobilistes qui forcent les piétons à se mettre en danger en descendant sur la chaussée. Sur la rue Nationale notamment, ce souci est majeur. Dans un certain nombre de quartier, les automobilistes ne se rendent pas compte de la nuisance qu’ils génèrent car nous avons pris l’habitude de ne plus être surpris, lorsque l’on se ballade dans des quartiers comme l’Epine, de constater qu’en certains endroits des poussettes ou des personnes en fauteuil ne peuvent pas passer… Cela doit changer. Les bandes cyclables, elles, servent trop souvent de « stationnement minute ». Il y a donc un véritable enjeu pour le respect des circulations piétonnes et vélos ; et les contraventions vont montrer que le souci n’est pas sous-estimé.

Quels autres aspects de ce décret vous paraissent les plus intéressants ?

L’avancée majeure du décret, c’est d’inclure dorénavant à l’intérieur des zones 30 km/h des contresens cyclables. La ville du Mans s’est lancée depuis une quinzaine d’années sur l’instauration de contresens cyclables. Si leur mise en œuvre a pu être compliquée à l’époque, on se rend compte aujourd’hui que l’accidentologie demeure très faible sur ce type d’aménagements. La loi vient désormais conforter notre démarche puisqu’elle donne à ce contresens (en zone 30) un caractère automatique. Nous pourrons maintenir les marquages là où il peut y avoir des soucis de sécurité. Dans les autres cas, nous n’aurons même plus besoin de réaliser des aménagements pour signaliser l’ensemble du linéaire. Notre objectif doit être à terme de faire comprendre aux automobilistes qu’il peut y avoir naturellement un vélo qui arrive en sens inverse. Des possibilités vont à présent s’ouvrir à nous dans des espaces contraints avec notamment l’apparition de la « chaussée à voie centrale banalisée » qui propose une circulation automobile devant céder la priorité aux voies cyclables latérales lors du croisement de deux voitures.

Ces nouvelles mesures vont forcément demander un certain temps avant d’être intégrées par chacun… ?

Les mentalités changent, en témoigne la demande de zones 30 qui se généralise de la part des riverains. Ce décret vient conforter une évolution culturelle. Si auparavant tout espace accessible à la voiture était considéré comme autorisé, les voitures n’ont dorénavant plus le droit de stationner hors des espaces prévus à cet effet. Le décret est important parce qu’il engendre un changement de paradigme : tout le monde a sa place, et les voitures doivent aussi composer avec les autres modes de transport. Il ne s’agit pas de percuter des habitudes, mais l’idée est de tendre vers le partage de la voirie. Tout le monde doit être vigilant à ce partage. Il va falloir du côté de la collectivité que l’on sensibilise nos agents pour qu’ils intègrent ces enjeux à hauteur. On ne voit encore que trop rarement des gens sanctionnés pour un stationnement sur une bande cyclable par exemple. A nous aussi de réfléchir à des campagnes de sensibilisation, comme sur le fait de rappeler que le sas vélo au feu rouge est réservé aux seuls cyclistes.

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