Samuel Guy représente Le Mans Métropole au Sommet Mondial Climat et Territoires

A six mois de la Conférence sur le climat, près de 1200 représentants de collectivités locales provenant de 70 pays se sont réunis à Lyon pour faire entendre leur voix en présentant les solutions et atouts des territoires face aux enjeux climatiques. Samuel GUY, Vice-président du Mans Métropole en charge du développement durable et de la transition énergétique, revient sur sa participation à deux ateliers éclairants.

 

« Dialogue et propositions des acteurs non-étatiques » ; quels étaient plus précisément les enjeux de ce sommet ?

Les territoires sont en première ligne de la lutte contre le changement climatique, par leurs capacités à réduire les émissions de gaz à effet de serre et par leurs actions d’adaptation face aux impacts des dérèglements climatiques. Il est crucial de faire entendre la voix des collectivités, villes, intercommunalités, départements, régions, qui agissent aujourd’hui concrètement pour le climat. Ce sommet leur a permis de faire entendre leurs engagements, leurs propositions, et de mettre en avant les solutions qu’elles proposent déjà sur leur territoire. Il était important que le Président de la République vienne écouter les attentes des collectivités et les enjeux auxquels celles-ci doivent répondre. Saluant l’effort de celles-ci, il a rappelé que l’enjeu de lutte contre les changements climatique n’est pas « sectoriel » mais doit prendre l’ensemble des dimensions de toute l’organisation économique, sociale, et politique (mobilité, transport, énergies renouvelables, efficacité énergétique, économie circulaire, finances…). François Hollande a encouragé les collectivités à faire valoir leurs droits à accéder directement aux fonds qui seront affectés à la transition énergétique et écologique (plus 100 milliards de dollars d’ici 2020). Enfin, il a rappelé qu’il n’y a pas de ville durable sans tenir compte de la ruralité. L’ensemble de notre travail au Pays du Mans est axé en ce sens.

Qu’est-il ressorti de l’atelier « adaptation au changement climatique » auquel vous avez participé ?

En premier lieu, l’atelier a rappelé que les changements climatiques sont déjà à l’œuvre et qu’il ne suffit plus de freiner les émissions de gaz à effet de serre. Le principal enjeu réside désormais dans notre capacité à aménager le territoire de sorte à ce que nous puissions vivre avec les changements présents et futurs. A ce jour, les 2/3 de la population mondiale vivent à proximité des côtes et sont de fait menacés directement par la montée du niveau des mers. Cela représente près de 4,5 milliards de personnes concernés par de potentielles migrations.

Un exemple évoqué : Rotterdam

Son système de « ville éponge » avec des capacités de stockage d’eau réparties un peu partout la prépare à faire face à des intempéries qui devraient être à l’avenir plus fréquentes et plus violentes. Dans ce cas, ces aménagements ont été mis en place en concertation avec la population, qui a pu disposer dès le départ d’une bonne compréhension des enjeux afin de faire des propositions innovantes. Les participants rotterdamois ont aussi expliqué comment la ville réutilise l’énergie « fatale » des industries et activités portuaires pour l’alimentation en énergie des habitants.

J’ai pour ma part insisté lors des débats sur la nécessité pour nos collectivités de se doter d’outils afin de mieux appréhender les conséquences des changements climatiques. Si nous, habitants de l’agglomération mancelle, ne sommes pas en bord de mer, nous pouvons toujours craindre les possibles conséquences en termes d’inondation de pluies plus fréquentes et plus fortes. Quels seront aussi les effets des changements climatiques sur l’agriculture sarthoise et nos forêts ? Quel impact auront des canicules pour nos populations les plus fragiles ? Pouvons-nous garantir l’alimentation en énergie de nos habitants en cas de défaillance du réseau (comme l’a montrée récemment la rupture d’électricité au cours de laquelle un million de foyers ont été impactés à cause des variations de température dans les Pays de la Loire et en Bretagne). Toutes ces interrogations doivent nous préoccuper dès aujourd’hui.

 

Et concernant l’atelier dédié à l’agriculture ?

Là aussi, les enjeux sont énormes : il faut bien comprendre que l’agriculture paysanne et traditionnelle nourrit 75 % de la planète et ne ponctionne que 25 % des ressources. L’agriculture conventionnelle, elle, n’alimente que 25 % de la population, avec 75% de consommations de ressources (eau, énergie, foncier), et produit des gaz à effet de serre en importante quantité. Si les échelles et conséquences sont différentes, il est intéressant de constater que les pays du sud rencontrent des problématiques similaires à celles que l’on connait en Sarthe : perte de terres agricoles, réduction des modes de productions durables au profit d’une agriculture intensive et exportatrice, usage intense de matières plastiques et production abondante de déchets, contraintes liées aux règles internationales qui ne favorisent pas les petites exploitations…

Un exemple évoqué : le Mali

Une association d’agriculteurs a mis en place un programme de formation à l’agroécologie qui se transmet par les paysans eux-mêmes. Une centaine d’entre eux ont été formés à ce jour.

Cet atelier m’a permis d’intervenir sur l’importance de favoriser les circuits de proximité, basés sur les productions locales et de qualité, illustrant mon propos avec la mise en place de la charte qualité-proximité par le Pays du Mans. J’ai par ailleurs insisté sur l’importance de donner un « prix » au carbone afin de privilégier les installations les plus sobres en énergie et gaz à effet de serre.

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