Les élus écologistes votent contre l’extension de la vidéosurveillance – Intervention de Rémy Batiot

Conseil municipal du 12 novembre 2015

 

Projet d’extension de la vidéosurveillance de voie publique

Intervention de Rémy Batiot – Groupe des élus écologistes

Monsieur le Maire, chers collègues,

Au préalable, il convient de ne pas confondre dans une même catégorie générique la vidéosurveillance de voie publique et la vidéosurveillance des espaces clos (transport en commun, parking, commerce, etc…) ou fermés au public la nuit. S’il est une chose de centrer une caméra avec une bonne définition d’image sur l’entrée d’un bus ou d’un parking, il en est une autre d’installer des caméras généralistes en direction de la voie publique. La mise en place des premières n’a jamais soulevé d’opposition de la part des élus écologistes, à l’inverse des secondes qui s’avèrent notoirement inefficaces.

Comme ils l’ont fait par le passé, les élus écologistes continuent donc à s’opposer aux procédés de vidéosurveillance de voie publique, dont l’extension est l’objet de la délibération qui nous est présentée. La première délibération relative à la Stratégie de sécurité et de prévention de la délinquance que nous venons d’étudier était, elle, équilibrée, avec une approche pragmatique et responsable pour essayer de gérer au mieux les problèmes de tranquillité publique. La délibération relative à la vidéosurveillance témoigne de son côté d’un positionnement démagogique reposant sur une fausse solution seulement destinée à donner le change. Comme il est souvent dit avec la vidéosurveillance de voie publique : il s’agit de travailler sur le sentiment d’insécurité et non pas sur l’insécurité elle-même.

A travers cette délibération, vous nous proposez de mettre en place 14 caméras de plus. La droite et Mme Morançais en veulent bien évidemment davantage et souhaitent pouvoir bénéficier du visionnage en direct. Je m’étonne que le Front National ne nous ait pas encore réclamé de caméras armées… Pour nous, élus écologistes, l’important ce n’est pas la question du dimensionnement du dispositif mais plutôt de son efficacité réelle. Avant de savoir combien de caméras faut-il installer, il semble préférable de savoir s’il est pertinent d’en mettre.

Alors comment savoir si ces caméras sont efficaces ?

Le plus simple aurait été d’établir un diagnostic avant l’installation de la vidéosurveillance, et un après, afin de pouvoir en mesurer les effets. Cependant, au moment de la mise en place des premières caméras au Mans, la seule simili étude qui nous a été fourni fut un rapport bâclé, rédigé par une société Althing incapable de tenir ce rôle de diagnostic. En l’absence de diagnostic préalable fiable, il nous a toujours été impossible de mesurer de façon objective d’éventuels résultats par comparaison « avant/après » la mise en place du dispositif.

Depuis des années cette question revient périodiquement à l’ordre du jour de nos conseils. Pour notre part, nous nous sommes efforcés de vous prouver l’inefficacité de ce dispositif en nous basant sur les seules études fiables et disponibles réalisées à l’étranger, ainsi que sur le rapport de la Cours des comptes qui concluait à l’inefficacité de des dispositifs de vidéosurveillance de voie publique. Lors de chacune de ces séances, nous avons dénoncé l’absence d’éléments concrets tangibles en faveur de la vidéosurveillance de voie publique.

Au cours du dernier Conseil Local de prévention de la délinquance (CLSPD) et pour le présent conseil municipal, nous ont été communiqués des faits sensés illustrer l’efficacité du dispositif. Parmi ces propositions, une grande partie (1/3 du dossier) se trouve de fait hors sujet, car liée à des dispositifs de vidéosurveillance en espaces clos ; dispositifs en faveur desquels nous avons toujours voté.

Sur les 11 situations restantes, 2 ou 3 concernent la vidéosurveillance du tramway et ne rentrent pas non plus dans la catégorie « vidéosurveillance de voie publique » ; 1 ou 2 situations concernent à priori une autre ville ; 2 autres un trafic de drogue sans que la vidéosurveillance n’ait vraiment fait ses preuves pour enrailler le phénomène ; dans 1 situation, la police a interpellé les auteurs avant que l’on exploite la vidéosurveillance qui, par la suite, ne viendra que confirmer les faits ; 1 situation concerne un accident automobile pour lequel la vidéosurveillance ne sert qu’à confirmer l’identité du conducteur… En fin de compte, dans seulement 2 situations la vidéosurveillance permettrait d’identifier les auteurs sans qu’il soit bien clair tout de même qu’il s’agissait là du seul moyen possible. Considérant ces éléments, ce type de bilan (établi sur les deux dernières années !) n’est pas de nature à nous faire changer d’avis.

En ces périodes de contraintes budgétaires, le groupe des élus écologistes considère qu’il conviendrait d’être vigilant à ne pas dilapider l’argent publique dans des projets aussi inefficaces que l’extension de la vidéosurveillance de voie publique. Il convient de rappeler que le budget investi pour si peu de résultats représente autant d’argent public qui n’est pas affecté au renforcement d’autres programmes de prévention et de tranquillité, à l’image de ceux que nous avons approuvé dans la Stratégie de sécurité précédemment abordée. En parallèle, les élus écologistes continuent de réclamer une présence humaine de terrain qui, seule, peut avoir un rôle réelle de prévention.

Retrouvez l’intervention audio de Rémy Batiot :

Partie 1 :

 

Partie 2 :

Partie 3 :

 

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