Présent cette semaine au Bourget sur le site de la COP21, Samuel Guy représentait Le Mans Métropole pour la signature du contrat « Territoire à énergie positive pour la croissance verte » aux côtés de Ségolène Royal. A quelques heure de la clôture de la conférence climat, et dans l’attente d’un accord potentiel, nous publions une tribune dans laquelle l’élu en charge du développement durable insiste sur la nécessité pour les collectivités de poursuivre et intensifier les actions en faveur de la transition écologique, quelle que soit l’issue de la COP21.
Dans quelques heures se clôturera la 21è conférence mondiale pour le climat à Paris (COP21)…
Par le passé, les ONG et militants du Climat attendaient des dirigeants qu’ils prennent le leadership de la lutte contre le dérèglement climatique, qu’ils s’engagent, qu’ils fixent des limites et organisent les règles du jeu à l’échelle internationale. Aujourd’hui, ce sont les citoyennes et les citoyens, de plus en nombreux, qui ont pris conscience des enjeux climatiques.
Plus que les engagements des Etats, ce que nos concitoyens attendent, ce sont des réalisations concrètes, des actes de la part des entreprises, des villes et des régions pour enclencher et rendre possible un modèle économique alternatif. 72 % des Français estiment selon les derniers sondages que le dérèglement climatique représentera une menace sérieuse pour eux ou leur mode de vie.
Nous sommes en définitive tous des ours blancs sur une banquise à la dérive… Et le réchauffement climatique concerne chacun d’entre nous.
Des événements proches de chez nous viennent nous prouver que nous sommes nous aussi, en France, en Sarthe, impactés par ces dérèglements. Le plus récent d’entre eux, en juillet 2015 lorsque plus de 600 000 foyers ont été privés d’électricité en Bretagne et dans les Pays de la Loire à cause des fortes chaleurs, nous a montré que lorsqu’il fait chaud, nous ne sommes plus en mesures de garantir le refroidissement de nos centrales électriques. Un nouvel enseignement après que nous ayons appris ces dernières années nos difficultés à nous adapter lorsqu’il y a trop de pluie, trop de vent ou encore trop de neige.
Mon propos dès lors n’est pas de cultiver un catastrophisme prophétique, mais de nous inciter à plus de réalisme, et davantage d’objectivité sur les risques que font peser les changements climatiques, y compris chez nous.
Il me paraît important donc de dire et redire que les changements climatiques toucheront tout le monde. Et en priorité les plus faibles. Les pays plus pauvres sont d’ores et déjà les plus exposés aux catastrophes naturelles.
Les changements climatiques impacteront l’ensemble des territoires, la Sarthe y compris.
La Chambre d’agriculture des Pays de la Loire a organisé son congrès de novembre 2015 autour de la question des changements climatiques. Lors de colloque, les travaux du programme « oracle » ont été présentés. Leurs conclusions sont les suivantes :
L’augmentation de la température moyenne depuis 1971 au Mans atteint +1.51°C en 43 ans, soit près de +0,5 °C tous les 10 ans. Le nombre annuel de jours de gel est en diminution, ce qui entraîne des répercussions sur la qualité de la floraison chez les espèces fruitières ou la perturbation des cycles de reproduction et de croissance de certains parasites. La baisse observable des précipitations printanières et estivales, augmentant de fait les besoins en irrigation des cultures de printemps …
Au-delà de leur impact économique, les effets de ces changements seront perceptibles sur la santé (chaleurs extrêmes, nouvelles maladies, effet de catastrophes naturelles…) ou la biodiversité (modification des cycles de vie, risque d’extinction de certaines espèces vulnérables)…
Face à ce constat, la ville du Mans a décidé de s’engager. Nous n’avons pas été absents de ce qui s’est passé à Paris au cours de la dernière quinzaine, en participant notamment au rassemblement des collectivités lauréates du programme « Territoires à énergie positive pour la croissance verte ».
Gardons à l’esprit que la COP21 ne représente qu’un « instantané » dans la lutte contre les changements climatiques. Un moment dont l’importance est cruciale bien entendu. Mais cette COP21, il existait un avant, il y aura un après. Des actions ont été initiées auparavant sur notre territoire, et se poursuivront, se renforceront, ou même laisseront la place à d’autres plus ambitieuses, quelle que soit l’issue des négociations internationales.
Sur un plan local, nous faisons face à de grands challenges qui doivent nous amener à travailler avec les entreprises pour accompagner la transition « économique » et favoriser le développement des énergies renouvelables, et bien évidemment avec les acteurs du monde agricole afin de promouvoir les circuits courts, de proximité et développer l’agriculture biologique.
A l’échelle plus globale, nous devons faire de la « décarbonisation » de la finance l’un des tout premiers enjeux. Clairement, tant que les institutions financières continueront à investir massivement dans les entreprises qui exploitent (recherches de gisement, extraction, et transformation du pétrole, du gaz ou du charbon, voire des gaz de schistes), il existera une sorte d’encouragement à émettre du gaz carbonique dans l’atmosphère. Et la lutte contre le réchauffement planétaire sera d’autant moins efficace.
Il est aujourd’hui démontré que pour maintenir la planète en dessous d’un réchauffement global de 2°C, il faudra laisser « sous terre » 70 à 80% des réserves prouvées d’hydrocarbures et de charbon. Pour cela il faudra que les banques, les assurances, les fonds d’investissement, et nous tous, arrêtions de financer ce type d’industrie et déterminions nos investissements vers des actifs plus utiles, plus vertueux, et qui, au final, s’avéreront de toutes façons plus rentables sur le long terme. Pour commencer, chacun d’entre nous peut interroger son banquier et demander ce qui est financé par le biais de ses dépôts, ses économies, les ressources dégagées par les prêts qu’il contracte…
En dernier lieu, je souhaiterais au travers de ce texte répondre à ceux qui pensent que la conférence sur le climat devrait être mise au second plan à la suite des attentats de Paris survenus le 13 novembre. Je crois au contraire que la COP21 offre une partie de la réponse à la lutte contre la pauvreté et les perturbations climatiques qui font le lit de ce terrorisme. En étant moins dépendants des énergies fossiles, nous pourrions réduire les ressources dont bénéficient certains de ces groupes, qui se financent en partie grâce à du pétrole de contrebande. Développer l’autonomie énergétique de chaque État, grâce aux énergies renouvelables, chez nous comme en Afrique, au Moyen Orient ou en Asie, c’est œuvrer au développement pacifié que souhaiteraient engager les populations des pays les plus pauvres. Au contraire, minimiser les enjeux du dérèglement climatique, ce serait ainsi en sous-estimer les conséquences géopolitiques, au premier plan desquelles l’afflux historique de réfugiés que nous connaissons actuellement.
Samuel Guy, élu Europe-Ecologie-Les-Verts,
Vice-Président de Le Mans Métropole au développement durable
Merci à Yves Calippe pour les photos.
Découvrez l’invitation de Ségolène Royal, ministre de l’écologie :
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