Abdellatif AMMAR : « Les Repair Cafe constituent une base à partir de laquelle nous pouvons envisager des déclinaisons et promouvoir un modèle collaboratif au Mans »

Depuis leur lancement début 2015, les Repair Cafe au Mans ce sont 6 éditions dans différents quartiers de la ville, 341 objets apportés par les habitants, des centaines de Kg en moins pour nos poubelles. Entretien avec Abdellatif AMMAR, conseiller municipal délégué aux initiatives citoyennes.

 

Un peu plus d’un an après leur création et six éditions dans les différents quartiers du Mans, le succès des Repair Café ne se dément pas…

J’en suis très satisfait. Nous savions que les Repair Cafe répondaient à un véritable besoin sur la ville, mais il est vrai que nous avons été surpris face à l’engouement si rapide des habitants. Qu’ils viennent en possession d’un objet défaillant ou qu’ils soient réparateurs bénévoles – bidouilleurs comme on a aussi l’habitude de les appeller -, l’ensemble des participants se sont immédiatement saisis de ce que devait être les Repair Cafe : de l’entraide, du partage et de la convivialité. Les enjeux de développement durables et de réduction des déchets sont aussi bien entendu à la base du concept que j’ai aussi porté en tant qu’élu écologiste. En six Repair Cafe, ce sont près d’une tonne d’objets et matériels qui ont été apportés aux bidouilleurs. Et seul le quart a été définitivement jeté !

Le dernier Repair Cafe était organisé par l’association Helix et non plus directement par la ville. Comment s’est passé la transition ?

La conception que je me fais de ma délégation aux initiatives citoyennes consiste à impulser des projets ou, dans certains cas, simplement donner le coup de pouce nécessaire. Mon objectif est toujours de laisser progressivement la main aux habitants et aux collectifs dans la gestion des activités qui les concernent directement. Ce sont des participants du Repair Cafe qui ont décidé de créer ensemble l’association Helix avec la volonté de s’impliquer dans tout ce qui relève du collaboratif. Helix souhaite entre autres imaginer de nouveaux espaces de travail partagé avec les centres sociaux, les MJC… Si l’association est désormais autonome dans l’organisation des Repair Cafe, nous restons, avec la ville, attentifs à leurs besoins.

Un autre concept collaboratif est-il en réflexion ?

Dans le même état d’esprit, j’ai dans l’idée que la mise en place d’un réseau de troc de biens et de services peut répondre à véritable besoin des habitants. Les Repair Cafe constituent une base à partir de laquelle nous pouvons envisager des déclinaisons et promouvoir un modèle collaboratif au Mans. L’objectif est de voir l’émergence d’un mouvement des « Makers » comme il s’en développe dans de nombreuses villes. Les makers partent de l’idée que n’importe qui peut innover et changer le monde, et qu’il n’est pas nécessaire d’être un expert ou un professionnel pour faire évoluer les choses. De simples idées neuves, du bricolage, des expérimentions peuvent répondre davantage à nos besoins. Avec plusieurs personnes, nous envisageons d’aller au mois de mai à l’événement « Maker Faire Paris », une sorte de grande fête de la science, pour voir dans quelles proportions nous pourrions créer localement une manifestation de ce type. Ce mouvement peut favoriser une diversification et un renforcement des actions menées de manière ponctuelle habituellement au sein des Repair Cafe. Il existe là un savoir faire qui peut être transformé en compétence économique. A nous d’encourager des personnes qui souhaiteraient créer leur activité.

Une telle évolution ne serait-elle pas susceptible de dénaturer l’esprit convivial et bénévole des Repair Cafe ?

Je ne le pense pas du tout. Pour un après-midi par mois, les bidouilleurs – qui sont avant tout des gens passionnés par le partage de leurs connaissances – continueront de donner de leur temps. Une grande enseigne nationale de bricolage, déjà partenaire du mouvement des Makers, nous avait contacté dans le cadre des Repair Cafe. Récemment, elle a proposé à l’association Helix d’organiser une opération conjointe et de profiter de ses locaux et de son matériel pour sensibiliser les gens à la nécessité de tenter de réparer avant de jeter. C’est une belle opération qui offre une reconnaissance aux Repair Cafe et à ceux qui les animent. Les bidouilleurs ne seront pas là pour faire la promotion de l’enseigne et de ses outils, mais bel et bien dans l’objectif de toucher un public différent et d’inciter celui-ci à participer par la suite aux Repair Cafe. Tout ceci va bel et bien dans le sens du modèle économique alternatif que les écologistes souhaitent promouvoir.

[social name= »facebook » size= »medium »] [social name= »twitter » size= »medium »]