Interventions et positions du groupe des élu-e-s écologistes aux conseils d’installation

Ouvert par Isabelle Sévère, première adjointe, le conseil municipal a débuté par un hommage à Jean-Claude Boulard. Les élus ont respecté une minute de silence. Ensuite, Jacques Gouffé, adjoint au maire délégué à l’architecture et à la transition énergétique, a pris la parole au nom du groupe des élus écologistes. Puis au conseil communautaire Le Mans Métropole, Isabelle Sévère a prononcé un discours au nom des élus écologistes de l’agglomération. Stéphane Le Foll est devenu le nouveau Président-Maire.

 

 

Conseil municipal

Discours d’Isabelle Sévère :

« Mesdames et Messieurs les élus,

Mes chers collègues,

Vous vous en doutez, je suis aujourd’hui très émue de prendre la parole devant ce conseil dans un contexte si particulier. Jean Claude Boulard édile de notre ville depuis 2001 nous a quittés et nous allons devoir élire un nouveau maire.

Je ne vais pas être longue car il aurait détesté cela.

Je ne vais pas non plus, vous retracer par le menu sa carrière politique, sa vie, son œuvre. D’autres que moi le feront bien plus brillamment et la presse locale s’en est fait l’écho dans de très beaux articles ces derniers jours.

Je veux juste vous faire part de quelques impressions, de quelques « fragments » qui me viennent à l’esprit depuis sa disparition.

Lors du décès de Dominique Niederkorn en décembre 2009, le maire avait prononcé une phrase qui m’avait touchée « Dominique est partie mais on pourra désormais la croiser en ville ». Et bien c’est exactement cela que j’ai envie de dire à Jean Claude aujourd’hui car il est partout où je vais…

« Le maire qui marchait dans sa ville » nous laisse en héritage une vision et un territoire transformé : le tramway, la gare, les Quinconces, les maisons de quartiers, l’Arche de la Nature et j’en passe…

Mais il nous laisse plus que cela. Il nous laisse une ville où chaque individu, peu importe son lieu de naissance, son quartier de résidence, sa couleur de peau, son orientation sexuelle peut exister et réaliser ses rêves. Il nous laisse une ville qui a ouvert grandes les portes de la culture accessible à toutes et tous ;

J’espère que nous serons collectivement à la hauteur de cet héritage et que nous continuerons à porter les valeurs qui t’étaient chères : le goût du travail acharné, le pari de l’audace et du courage, le respect de la différence et la tolérance bienveillante.

Au nom de la Ville du Mans, j’adresse à nouveau mes condoléances à sa famille, à ses proches et à ses collaborateurs.

Je voudrais conclure sur une phrase de Paul Nizan dans son livre Aden Arabie que tu aimais tant. Il disait « Le voyage est une suite de disparitions irréparables ». Ton dernier voyage, Jean Claude, sera pour nous une absence irréparable.

Mes chers collègues je vous propose, sur ces mots et en sa mémoire, de nous lever afin d’observer une minute de silence.

Je vous remercie »

 

Discours de Jacques Gouffé :

« Jean-Claude Boulard n’était pas un écologiste. Il  s’en amusait et nous en riions avec lui.

Je l’entends encore nous dire, après un conseil municipal, le dernier qu’il ait présidé : ça, on ne peut pas m’accuser d’être écologiste, ça non! Mais …

Et tout est dans le MAIS.

Ce soir là, après des débats parfois houleux avec lui, nous avions obtenu la relance du Boulevard Nature qu’il a annoncé le lendemain en conseil communautaire.

Jean-Claude Boulard savait écouter.

Ecouter ses élus, dans leur diversité, les chefs de service et tous ses collaborateurs. Il savait nous écouter mais aussi nous entendre même s’il fallait parfois insister plusieurs fois.

Et son bilan est là qui plaide pour lui.

Le développement des transports en commun à travers le tram et le tempo, le Boulevard Nature, l’Arche, entre autres choses et sur ce mandat

  • Le développement du bio dans notre restauration scolaire, de 2 à 18% en 4 ans dans un contexte financier difficile,
  • l’extension du réseau de chaleur,
  • il avait bougé sur les énergies renouvelables en nous laissant développer du photovoltaïque,
  • il avait su écouter Samuel Guy sur l’agriculture péri urbaine,
  • il s’était laissé convaincre par Bernard Breux et moi même sur le  fleurissement des trottoirs,
  • Il n’était pas fan de démocratie participative mais il a laissé Christophe Counil et Abdellatif Ammar tenter une première expérimentation sur les budgets participatifs.

Moi je trouve que pour quelqu’un qui ne voulait pas être accusé d’être écologiste, il a un assez beau bilan !

Je voudrais revenir sur la relation à la ruralité de Jean-Claude Boulard.

Et ce rapport que lui, féru d’ethnologie a entretenu avec la ruralité sarthoise et la nature.

Il aimait citer cette phrase d’Alphonse Allais en l’adaptant à notre ville : « Le Mans, c’est une ville à la campagne, et la campagne en ville ». Il disait aussi Le Mans est une ville de jardins et un petit bocage en référence aux mancelles.

L’Arche de la Nature incarne cette vision de la nature en ville. C’est un poumon vert mais aussi un endroit où les jeunes citadins peuvent voir des animaux, la célèbre poule du Mans désormais accueillie à Versailles, un jardin modèle où nous avons pu croiser ses amis Baraton, Coffe et Bougrin Dubourg.

J’ai relu des passages du Voyage à l’envers sorti en 2015, le retour de Jean Marceau dans son village, dans sa tribu, avec quelques formules qu’il considérait comme fondatrices :

Un saucisson est plus facile à manger en tranche qu’en entier, celui là on l’a entendu plus d’une fois, et il n’a pas manqué de l’appliquer.

Un bon veau tète toujours deux vaches, quand on pense à sa carrière politique, socialiste mais rocardien, soutien d’Emmanuel Macron mais toujours membre du parti socialiste, Un bon veau tète toujours deux vaches.

La ruralité, c’est aussi la relance du Trut, à Saint Marceau, l’édition d’un jeu de carte illustré avec le tableau de son grand père. Le Trut, un jeu de menteurs, un jeu de marchand de bestiaux, rien à voir avec la politique.

Au tout début des années 2000, à l’occasion d’une réunion des maires de la Métropole, Jean-Claude Boulard avait parlé du souvenir qu’il aimerait laisser.

Il avait dit qu’il aimerait qu’on parle de lui comme d’un honnête homme. Pas du point de vu financier, il n’y a pas de sujet, Non, l’honnête homme classique, celui du 17ème siècle.

A l’époque, j’avais écouté d’une oreille discrète. Et comme je n’ai pas la culture de Jean-Claude Boulard, j’ai regardé ces jours-ci sur le net ce qu’était un honnête homme du 17ème siècle.

Un homme convenable, mesuré, cultivé. Un homme qui veut plaire, séduire.

Qui fuit les artifices, n’essaie pas de paraitre pour ce qu’il n’est pas. Qui fuit l’excès et choisit le juste milieu.

Entre deux mots, choisis le moindre, cette formule là aussi on l’a entendue souvent.

L’honnête homme est un être de contrastes et d’équilibre. L’honnête homme par opposition au courtisan.

Et en politique, les courtisans, on en connait tous.

Jean-Claude Boulard, l’honnête homme du 17ème, l’honnête homme de Boileau et de Molière

Je reconnais assez bien notre maire dans ces définitions.

Mes collègues élus écologistes et moi-même avons passé 4 belles années au service des mancelles et des manceaux, faites de liberté de parole, de liberté de vote et de loyauté envers son maire, loyauté d’autant plus naturel qu’elle s’accompagnait de liberté.

Merci à Jean-Claude Boulard pour cela aussi.  »

 

Conseil Le Mans Métropole

Discours d’Isabelle Sévère :

« Mesdames, Messieurs, les élus,

Mes chers collègues,

Jean-Claude Boulard nous a quittés. Il est difficile de trouver les mots pour décrire en quelques lignes sa personnalité et sa carrière. Je me garderai bien de le faire,  malgré mes 10 ans de compagnonnage avec lui en Métropole, notamment sur l’Arche de la Nature, qui était l’un de ses bébés. J’y reviendrai.

Haut-fonctionnaire, parlementaire, élu local, il avait mené un certain nombre de combats pour défendre l’équité et le progrès social.

Elu pour la première fois président de la métropole en 1983, Jean-Claude Boulard avait une vraie vision de son territoire qu’il avait longuement sillonné au gré de ses campagnes. Il a profondément changé le territoire métropolitain aussi bien en termes de superficie, d’équipements et d’équilibre ville-campagne.

Il n’était pas écologiste, il le disait lui-même. Cependant, il n’hésitait pas à soutenir et défendre des projets écologistes qui correspondaient pour lui à de « vraies idées ».

L’Arche de la Nature fut par exemple une réalisation tout à fait emblématique que beaucoup de villes y compris en Europe nous envient. Cet espace naturel de 450 hectares aux portes de la Ville accessible en transport en commun, gratuit et ouvert à tous, est le poumon vert de l’agglomération, très apprécié par nos concitoyens. Tout le monde le sait.

En 2002, Jean-Claude Boulard avait accepté l’idée de Jean-Louis Prigent, celle du Boulevard Nature, une voie verte de 72 km unique en France. Même si le projet est encore long à finaliser, le président s’était engagé dernièrement à remettre un coup d’accélérateur.

Autre exemple : le tramway.

« Le tram changera l’image du Mans et il apportera une réponse essentielle dans le domaine du développement durable » disaient Dominique Niederkorn et Jean-Claude Boulard en 2007. Ils avaient raison. Par ailleurs il travaillait pour une métropole ambitieuse avec un réseau de transport en commun de qualité comme en témoigne la dernière DSP Setram que nous venons de voter.

Le réseau de chaleur fut aussi un de nos combats qu’il a soutenu. L’extension du réseau actuellement en travaux permettra de produire en énergie l’équivalent de 17 000 logements chauffés. Le gain en CO2, estimé à plus de 32 000 tonnes par an représente l’équivalent de ce qu’émettent 8 500 voitures.

Enfin en 2017, il approuva le projet de Métropole agricole. Jean-Claude Boulard était attaché à la tradition d’excellence dans les domaines agro-alimentaire, il était attaché à l’environnement agricole et rural de la métropole. Il promouvait et défendait le gout des bons produits du terroir en témoigne son combat pour la reconnaissance de la Poule Le Mans.

Jean-Claude Boulard savait à la fois trouver le consensus avec les maires, mettait un point d’honneur à écouter ses élus. Nous ne pouvons que saluer son engagement, ses valeurs, son courage et sa ténacité dans tous les combats qu’il a mené.

Je vous remercie. »

 

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